Armand Seguin : un tanneur au château de Jouy

Armand-Jean-François Séguin, est né le 21 mars 1767 à Paris, fils de Hector Hyacinte Segouin (dit Séguin), notaire à Chartres, et mort à Paris le 23 janvier 1835.

Seguin aurait servi de cobaye pour des expériences de Lavoisier

Armand Seguin fut un collaborateur d'Antoine Lavoisier et cobaye humain de ses expériences. Chimiste expérimentateur, il mit au point, alors que les armées manquaient de souliers, un procédé de tannage rapide des cuirs épais. Il installa en 1795 une grande tannerie sur l'île de Sèvres ( l'Île Seguin, sur la Seine, rattachée à Boulogne-Billancourt), qui rationalisait les chaînes de production. Il fut en 1804 un des découvreurs de la morphine avec Bernard Courtois et Charles Derosne.

Dès 1796, il avait fait fortune comme fournisseur de cuir pour les armées ; son usine traitait plus de 100 000 peaux par an. Il étonnait le Tout-Paris par le faste de ses réceptions. En 1801 il acheta le château de Jouy-en-Josas, qu'il fit reconstruire dans le style néo-classique par l'architecte Bienaimé ; en 1803, il acquit l'hôtel d'Orsay, au 35 rue de Varennes (actuel n° 69). Il fit partie des Négociants réunis chargés de trouver des fonds pour le Trésor, mais les spéculations aventureuses du banquier Ouvrard dans les affaires d'Espagne compromirent l’entreprise, il fallut rendre des comptes. Le passif de la compagnie, d'abord évalué à 87 millions, fut porté fin 1806 à 142 millions, dont le nouveau ministre Mollien poursuivit méthodiquement la restitution. En 1807, Séguin dut céder son hôtel particulier de Brancas, puis son domaine de Ravanne (près de Nemours) et fut finalement emprisonné pour malversations de 1810 à la chute de l'Empire. La Restauration le réhabilita et le dédommagea, au grand scandale des Ultras. Sa tannerie périclitant faute de commandes de l'Etat, il transforma l'île de Sèvres en un superbe haras d'une centaine de pur-sang. Devenu paranoïaque, il rompit toutes relations mondaines, persécuta sa famille et mourut seul, enfermé dans son hôtel, en laissant ses chevaux, ses affaires et ses biens à l’abandon. Son héritage était néanmoins considérable.

Séguin publia ses communications scientifiques à l'Institut, dont il était correspondant (Mémoires sur l'opium, le quinquina, etc.). Amateur de musique, il collectionnait les manuscrits précieux et démonta des violons de marque dans l'espoir d'en percer les secrets. Il protégea des musiciens, dont le compositeur Giuseppe Maria Cambini qui conduisit un orchestre de chambre à son service. Sur la fin de sa vie, il publia plus d’une centaine d’opuscules sur les finances publiques, les courses ou les haras, ponctués de sentences ou d'aphorismes curieux.