Samuel Widmer : le bras droit d’Oberkampf

Gravure d’après Boilly

Ainé des six neveux d’Oberkampf et le premier qui lui fut confié, Samuel Widmer était à l’adolescence,  selon le Mémorial de la manufacture, un écervelé indocile ; mais Oberkampf s’attacha à lui et crut en ses capacités. Il lui imposa l’apprentissage de tous les métiers de la manufacture et des voyages d’information technique. Graveur, mécanicien, chimiste, il devint le plus important des collaborateurs techniques d’Oberkampf. Il reproduisit le modèle de machines découvertes en Angleterre ; formé auprès du physicien Charles et du chimiste Claude Berthollet, découvreur  entre autres des propriétés décolorantes du chlore, il mit en application cette invention à Jouy en 1793 pour le blanchiment des toiles avant impression. Il était en relation directe avec les chimistes de son temps, qu’il recevait dans son laboratoire ou allait visiter au besoin à l’étranger. A partir de 1802 il invita Gay-Lussac à y venir  donner des cours. 

Il fut avec l’écossais Hendry le chimiste de la manufacture, et y fut à l’origine de beaucoup d’innovations et inventions, en particulier en 1810, le « vert solide » d’une seule application qui se substitua à l’impression successive du bleu sur jaune. Il introduisit aussi le chauffage à la vapeur des cuves à teinture.

Détail d’une gouache de Pietro Mancion d’après Isabey

Intégré dans la société locale, il était major de la milice en 1789 et cumula onze fonctions électives dans la commune. Il fut également agent « salpêtrier », avec son atelier de poudrerie dans les cuisines du château de Jouy où on lui reconnut l’une des meilleures productions du département. 

Dans le recensement de population de 1792 il est qualifié de contremaître. 

Intégré dans la famille Oberkampf comme dans l’entreprise, il figure au plus près, derrière Emile, lors de la décoration d’Oberkampf par l’empereur.

Il avait épousé en 1794 la sœur cadette de la seconde Mme Oberkampf, Antoinette-Rosalie Massieu, née en 1772. Il habita au Montcel puis l’aile nord du bâtiment d’habitation de la manufacture. Veuf en 1806, il épousa en secondes noces en 1816 Jeanne Elisabeth Bernard (née en 1785). Il fut décoré de la Légion d’honneur.

Après la mort d’Oberkampf et la fin de la société « Oberkampf les héritiers », il devint en 1821 le seul associé de son cousin Emile Oberkampf, mais la charge était peut-être trop lourde et il mit fin à ses jours le 9 aout 1821. Il repose au cimetière de Jouy.