Les blanchisseries
Dès le XVIIIe siècle la blanchisserie était une activité importante dans la vallée de la Bièvre : on y travaillait pour Versailles, à Jouy comme à Buc. Les lavoirs s’égrenaient au long de la rivière.
A Jouy, la Bièvre est grossie par le ru de Saint Marc et les nombreuses sources qui s’écoulent du versant nord du coteau. Pour les besoins de la Manufacture, tout un réseau de canalisations et bassins fut aménagé et le lit de la Bièvre chemisé de madriers pour garantir la propreté de l’eau.
Abondance et qualité des eaux ont favorisé l’implantation de blanchisseries artisanales tout d’abord dans le quartier du Petit Jouy à partir de 1840. Une des blanchisseries les plus anciennes a été créée par des descendants du portier suisse d’Oberkampf, Pierre Rohrer, elle ferma ses portes peu avant 1914.
Après la fermeture de la Manufacture en 1843 et le démantèlement de ses bâtiments, d’autres blanchisseries s’implantèrent jusqu’aux environs de 1900 sur les terrains proches de la rue de Beuvron : les entreprises Charles Rohrer, Arthésien, Amy (qui devint plus tard la blanchisserie industrielle Mousseau). L’annuaire de Seine et Oise de 1880 dénombre 14 blanchisseries. Vers 1900, on comptait 6 patrons blanchisseurs et un effectif total d’environ 300 personnes, principalement des femmes. Elles y travaillaient 6 jours par semaine de 6h du matin jusqu’à 19 h dans des conditions pénibles : chaleur humide étouffante, odeurs de linge sale et d’eau de Javel, plus le bruit et les maladies : tuberculose, rhumatismes et alcoolisme (la cirrhose des blanchisseuses). Une consolation, la fête des blanchisseuses qui avait lieu à Jouy à la Mi-carême !
Ces blanchisseries subirent le contrecoup du progrès qui permit à beaucoup de foyers de laver le linge à la maison avec la lessiveuse de zinc à circulation d’eau par champignon, apparue au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. On rinçait encore le linge lavé au lavoir. Puis à partir de 1950, le lave-linge, à gaz d’abord puis électrique, se diffusa dans les foyers.