Les moulins sur la Bièvre
Le moulin de Vauptain
Le moulin de Vauptain, sur la commune de Buc,existait déjà en 1393. Il fut acquis par les Escoubleau, seigneurs de Jouy du XVIe au XVIIe siècles ; il est décrit pour eux en 1675, dans le procès-verbal de vente de la seigneurie de Jouy en 1719, et dans le bail que le seigneur de Jouy concède en 1738 au sieur Quentin, d’une famille de meuniers exerçant durablement à Jouy. Il n’est pas recensé dans le terrier de Jouy de 1765, car il avait été revendu par M et Mme de Beuvron. Il figure sur le plan de la paroisse de Buc de 1788. Au XIXe siècle les meuniers locataires se succédaient tandis que les propriétaires changeaient : en 1816 il appartenait à Quevanne, de Versailles, -peut-être celui qui l’a fait reconstruire « à l’anglaise » (mécanique sur plusieurs étages)-, en 1839 à Calon, en 1892 aux Mallet, en 1910 au baron Albert de Chalmassy, en 1918 à Louis Brinquant. L’exploitation agricole reprise en 1952 par un ingénieur agronome, Louis d’Altora Colonna, cavalier de renommée internationale, est devenue un haras, dirigé aujourd’hui encore par cette famille.
Le moulin Saint Martin anciennement dit des Pintrets
Le moulin Saint Martin, moulin à farine, est connu comme un élément du fief des Pintrets depuis le XIVe siècle. En 1407 il appartenait au chapelier parisien Jean Jorderin et relevait de la seigneurie de Gometz ; le fief comportait alors un hôtel, cour et jardin, qui n’est plus mentionné en 1511. Les méandres de sa rivière vive, dérivée en aval du moulin de Vauptain, témoignaient aussi de son ancienneté. Le décret de la terre de Jouy de 1675 recense ses titres depuis 1407 : il relevait de la seigneurie de Jouy depuis l’achat du fief en 1547 par Jean d’Escoubleau, et appartenait depuis au moins 1511 à la fabrique de l’église Saint Martin de Jouy, d’où son nom ; dans les comptes de fabrique du XVIIIe siècle le marguillier se plaignait que le moulin coutât plus qu’il ne rapportait.
zoom terrier 1765 : terrier de Jouy 1765, détail du plan 1 agrandissable clic
légende : article 5, L’église Saint Martin et Saint Sébastien de Jouy, un moulin tournant par eau, moulant bled, grange, écurie, cour, écluse, place et jardin, le tout contenant 66 perches, faisant partie du fief des Pintrets,
A la Révolution le meunier locataire, Huvet, acheta le moulin, puis le vendit en 1801 à Oberkampf qui souhaitait s’assurer de la qualité des eaux en amont de sa manufacture, et le lui loua en retour.
Le moulin fut évalué lors de la licitation de la société Emile Oberkampf/Samuel Widmer en 1821; il passa à Barbet de Jouy avec la manufacture, Barbet le conserva lorsqu’il la liquida. Le baron de Guénifay est mentionné comme propriétaire en 1838 et 1842. En 1904 le meunier Henri Silvestre l’acheta, il resta propriété de cette famille et ne cessa de fonctionner que dans les années 1960.
Ce moulin était situé sur une dérivation de la Bièvre, qui passait sous un pont , alimentait un abreuvoir et rejoignait ensuite le bief du Vieux Moulin. Le pont a été déplacé et reconstruit en 1806 (pont dit d’Austerlitz) aux frais d’Oberkampf, qui fit aussi établir un passage en aval sous la chaussée pour régler son différend avec Seguin, propriétaire du Grand château.
Le bief a été comblé et la Bièvre originelle coule en fond de vallée.
Le Vieux moulin dit moulin Quentin
Oberkampf et son associé Sarrasin de Maraise acquirent du seigneur de Jouy en 1773 le très ancien moulin à farine seigneurial, nommé aussi moulin Quentin du nom d’une dynastie de meuniers du XVIIIe au XIXe siècles.
Voici la déclaration qu’en firent les nouveaux propriétaires en juillet 1774 :
N°21 item un moulin à eau appelé le moulin de Jouy sur ladite rivière des Gobelins avec ses moullans tournant et travaillant faisant du blé farine avec le cours d’eau au-dessus et au-dessous de ladite rivière ; consistant ledit moulin aux batiments servant aux logements du fermier, écurie,, grange, étables, grenier, toit à porcs, le tout couvert de thuille cour et petit jardin au derrière dudit moulin ; sellier à coté dudit moulin, grande porte d’entrée sur ladite grande rue…
Ils relouèrent d’abord le moulin au meunier précédent et utilisèrent les prés pour l’étendage des toiles. Par la suite la mécanique anima une machine à calandrer les toiles et des pilons pour broyer les couleurs. Après la vente de la manufacture, le nouveau propriétaire, Barbet, démolit le moulin en 1828 et le fit remonter en minoterie à l’anglaise. En 1858 le repreneur des terrains de la manufacture vendit au meunier locataire le moulin à eau faisant de blé farine monté à l’anglaise avec deux paires de meules, dont le règlement venait d’être rénové. En 1893 une turbine remplaça la roue. L’activité meunière cessa en 1907, il fut intégré dans une usine de produits chimiques, qui ferma en 1968 (faire lien) ; le bâtiment a été réhabilité en 2018.
Le Moulin du Rat
Le moulin du Rat, disparu aujourd'hui, faisait partie du domaine de Vilvert (voir cahier n°6).
Il était situé en aval du village sur une courte dérivation de la Bièvre. C’est peut-être le moulin d’Aunet, sis sous Jouy, que mentionne un acte de 1252 ; un bail de 1324 le signale, et il est décrit en 1547 quand Jean d’Escoubleau seigneur de Jouy se le fait adjuger :
moulin de Jouy consistant en en 2 corps d’hôtel couverts à tuile et chaume, tenant au seigneur de Villeras et à la rivière, aux prés de l’église….
Dans le terrier de 1765 le domaine est ainsi mentionné :
Sr Jacques Renaud, maison et bastiments, moulin du Rat, basse cour, parterre, bois, prés, potagers, allées, canaux & le tout clos de murs, compris la chaussée et le dehors des murs jusqu’à la rivière, contient 22 arpents 13 perches
zoom cadastre1812 : détail du plan cadastral 1812 AC Jouy
L’histoire du moulin est liée à celle de cette maison bourgeoise qu’il accotait et de son domaine ; en 1819 l’ensemble est vendu sous le nom de domaine du moulin du Rat ; Mme Barthélémy le remit en état et en activité en 1841. Mais lors de la vente du domaine en 1860 à Cohen, le moulin était en cours de démolition.
Le moulin de Vauboyen
Le moulin de Vauboyen situé sur la commune de Bièvres,avec manoir attenant, faisait initialement partie du fief de Montéclin, dépendance de l’abbaye de Saint Germain des Prés ; reconstruit à la fin du XVe siècle, le moulin fut au XVIIIe incorporé à la seigneurie de Jouy. Il est décrit dans le procès-verbal de vente de la seigneurie de Jouy en 1719.
Dans le terrier de 1765 il est ainsi mentionné :
Pierre Cotillard à cause du moulin de Vauxboyen au lieu des dames de Saint Cyr, moulin, bastiments, cour, jardin et pré le tout contenant 3 arpents 7 perches (les Dames de Saint-Cyr sont propriétaires de l’ancien manoir devenu ferme à côté).
Il était toujours opérationnel quand Charles Mallet, propriétaire du domaine de Montéclin voisin l’acquit en 1893, mais à l’abandon en 1959 quand M. Lanauve de Tartas l’acheta, le restaura et y installa un centre d’art contemporain. Après son décès la recherche de projets en adéquation avec le lieu a débouché en 2019 sur l’établissement d’un centre résidentiel de formation et de reconversion pour accompagner le changement professionnel, complété d’un espace d’animation culturelle et artistique.